vendredi 20 juin 2008

Québec, je me souviens...

Je reviens sur cette petite phrase anodine qui orne magnifiquement (entre-autre) nos jolies plaques de voitures... euh... de chars !

Ouais, c'est bien beau comme devise mais qui se souvient vraiment ? Et de quoi d'abord ? Et pourquoi en fait ?

Je me suis souvent posé la question et en fait en cherchant un peu à droite à gauche je me suis interessé à l'histoire du Québec, et à sa place en Amérique du nord.

Je me souviens... placé en 1883 par Môsieur Taché, architecte de son état, sur les plans de l'actuel hôtel du parlement, sous les armoiries de la ville de Québec, cette devise ne sera officialisée qu'en 1939. Plusieurs significations sont données à cette phrase.

1.« une heureuse conception du passé, présent et futur de la seule province française de la Confédération canadienne » selon Pierre-George Roy (archiviste de la province de Québec de 1920 à 1942).

2.« c’est en se souvenant et en restant fidèle aux traditions françaises et catholiques que le peuple canadien a pu survivre. » selon Louis-Amable Jetté (Lieutenant-gouverneur du Québec de 1898 à 1908).

3.Plus couramment, on estime que la devise se termine comme suit : Je me souviens que né sous le lys, je croîs sous la rose. Symbolisant le joug impérialiste des anglais sur les français de Québec.

Un peu fort non ? Pas tant que ça si on regarde de près l'histoire de la colonisation du kanada par l'Europe des explorateurs...

Tout commence en 1492 quand Christobald Columbo ''découvre'' l'Amérique pour le compte des espagnols. Je mets ''découvre'' entre guillemets parce qu'il est désormais bien connu (et reconnu) que le continent américains avait été visité auparavant par divers peuples... (par exemple, selon certains historiens, les phéniciens remontaient le fleuve St Laurent au VIe avant M. Christ, les traces de moines Irlandais, chassé par les vikings au IXe après M. Christ, ont été trouvées sur une île du golfe St Laurent, il est désormais bien établi que Érik le rouge, viking banni d'Islande, vint s'établir sur les côtes de la future Nouvelle-France en 982 après JC pour repartir vers la fin du XIVe siècle (sinon on serait en Nouvelle-Islande aujourd'hui et on parlerait tous comme Björk et Sigür Ros...dommage)).

Bref tout commence quand notre Chri-chri national se pointe en Amérique et rapporte, comme un bon toutou, la nouvelle d'une terre incroyablement-richement-extraordinairement magnifique à ses employeurs royaux.

Appât du gain + volonté expansionniste (c'est la mode en Europe) les Ibères sautent sur l'occaz' et ourdissent un plan machiavélique (c'est le cas de le dire) avec le Vatican !

Bah oui parce que 7 mois plus tard le Pape Alexandre VI déclare dans une bulle (Inter coetera) que l'Amérique appartient à l'Espagne et au Portugal et que quiconque tente d'explorer ces terres en dehors des portos et des ibères seront... (attention suspens) excommunié !

Et voilà... tout (ou presque) se joue là... parce que figurez-vous que (comme des cons) les Français respectent l'interdit papal... Alors que les Anglais, of course, non.

Les angliches envoient donc le fameux Jean Cabot explorer les côtes nord du nouveau-monde.

Les Basques, un peu moins respectueux question papale que la couronne de France, partent à la pèche sur le Saint Laurent à partir de 1525... soit presque 30 ans après les anglais... un retard qui s'averera fatidique...

Presque 10 ans plus tard (alors que les anglais sont déjà sur place depuis 40 ans!) Jacques Cartier débarque et plante une croix. Woaw !

Donnacona (chef indien de Stadaconé, qui deviendra plus tard Québec) proteste. (probablement en ces mots cinglants : ''Quoi ? Une croix en bois ! Je proteste.''. Heureusement, monsieur Cartier, qui n'est pas né de la dernière pluie et qui a plus d'un tour dans son sac, charme le bonhomme à grand renfort d'alcool et de femmes et le convainc de lui prêter ses deux rejetons afin d'exhiber l'autochtone en Europe.

Samuel décrit la scène lui-même :
« Il nous fit une grande harangue, nous montrant la croix et faisant le signe de la croix avec deux doigts. Puis il nous montrait la terre tout autour de nous, comme s’il voulut dire que cette terre était à lui (ndlr: sans blague) et que nous ne devions pas y planter de croix sans sa permission. Après qu’il eut fini sa harangue, nous lui montrâmes une hache, faignant de la lui donner en échange de sa peau [d’ours dont il était vêtu]. À quoi il sembla consentir et peu à peu il s’approcha du bout de notre navire, pensant avoir la hache. Alors, un de nos hommes, qui était sur notre bateau, mit la main sur sa barque dans laquelle sautèrent deux ou trois de nos hommes qui les firent monter sur notre bateau, de quoi ils furent bien étonnés. Quand ils furent à bord, ils furent assurés par le capitaine qu’ils n’auraient aucun mal, en leur montrant de grands signes d’amour. On les fit boire et manger et faire grande chère. Puis, nous leur montrâmes par signe que la croix avait été plantée pour servir de marque et de balise pour l’entrée du havre. »

Je vous avais dis qu'il était malin !

De retour en France il semble que le vaillant explorateur parvient à convaincre que le nouveau-monde vaut le détour. (ouais des peaux d'ours comme celle-là on en trouve pas à tout les coins de rue !).

Bref, après plusieurs aller-retours et maintes péripéties (entre-autre avec les hurons et les iroquois)... Samuel est finalement nommé (attention sa pète!) lieutenant du vice-roi... c'est pas rien !

Il nomme entre autre le St Laurent (le jour de la St Laurent, futé le Samuel) et fonde la ville de Québec (là où le fleuve rétrécit en indien)... Bon n'étant pas forcément une flèche en ce qui concerne l'écriture il a hésité un peu entre plusieurs orthographe : Qvebecq, Quebeck, Kébec et Kebbek... Mais jamais bébek, ce qui est tant mieux, c'est un peu ridicule. ;op

Bref... bon ans mal ans la Nouvelle-France se forme... ce qu'il faut retenir c'est qu'en 1641 il y a environ 300 français contre quelques 50 000 anglais en nouvel-Angleterre !

Et cette proportion ne changera vraiment jamais !
On avance dans le temps, des français arrivent, encore plus d'anglais débarquent, les indiens se font massacrer à coup d'alliances avec les uns et les autres, à coup de virus et d'alcools... bref, pour eux c'est pas la joie.

En 1715 il y a 18 500 français en Amérique du nord contre 434 000 anglais. Autant dire que les français n'ont aucune chances.

Pour couronner le tout les élites françaises se lassent de ce bout de pays ''quelques arpents de neige qui ne valent pas les os d'un grenadier français'' (voltaire).

En 1763 la France, mettant fin à la guerre de 7 ans contre l'Angleterre en Europe, signe le Traité de Paris qui cède les territoires aux anglais et, même si le traité protège les français d'outre-mer contre la violence, abandonne la nouvelle-France à la couronne d'Angleterre qui rebaptise la province ''Québec'' (oui je sais c'est fou, même le nom de notre province a été décidé par les anglais...).

L'aristocratie, la noblesse et la haute-bourgeoisie quitte la nouvelle-France et retourne sur le vieux continent.

En 1773 (boston tea party) les futurs américains commencent à se rebeller face à l'impérialisme anglais et préparent la voix de l'indépendance.

En 1778 les états-unis d'Amérique déclarent leur indépendance. Les loyalistes se tournent alors vers le Canada.

Dès lors, alors que la couronne d'Angleterre a perdu les états-unis, il est hors de question de lâcher la Canada.

1820, les canadiens sont 750 000 dont moins de la moitié sont des loyalistes et 9 637 000 Américains !

« Je viens de voir dans le Bas-Canada un million [ils étaient environ 400 000] de Français, braves, intelligents, faits pour former un jour une grande nation française en Amérique, qui vivent en quelque sorte en étrangers dans leur pays. Le peuple conquérant tient le commerce, les emplois, la richesse, le pouvoir. Il forme les hautes classes et domine la société entière »
C'est en ces mots Qu'Alexis de Tocqueville décrit le Québec de retour en France en 1831.

De 1937 à 1938, 1000 ''patriotes'' se rebellent contre le joug Anglais. Les ''Frères Chasseurs (environ 600 hommes) se joignent clandestinement à la rébellion.
Les rebelles sont violemment et totalement défait puis dispersés.

En 1840 il y a 450 000 blancs au haut-canada (Québec) et 650 000 blancs au bas-canada.

La suite est essentiellement politique.

Quelques dates et faits marquantes :

En 1931 il y a 2 800 000 Québécois et 7 500 000 canadiens !

Fin 1931 l'Angleterre confère au canada sa pleine souveraineté (Statut de Westminster).

1948 : Le Fleurdelisé, drapeau Québécois, n'existe que depuis 60 ans.

1963 : premières attaques terroriste du FLQ (front de libération du Québec).

1965 : L'unifolié, drapeau Canadien, n'existe que depuis 43 ans.

1967 : « Vive le Québec libre ! » de Charles de Gaulle.

1970 : Lecture publique du manifeste du FLQ

1981 : ''La nuit des long couteaux'' Le canada, sans le consentement du gouvernement du québec, reconnaît la perte du droit de veto pour le Québec.

1990 : 60% de oui pour la souveraineté du Québec selon un sondage

« Le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » Robert Bourassa.

1992 : Accords de Charlottetown diminuant de façon significative le poids du Québec au sénat.

1995 : referundum pancanadien pour l'indépendance du québec : 60% des francophone votent oui, 90% des anglophones votent non. Au total c'est une défaite du oui.

1996 : la cour suprême se prononce sur la l'ilégalité d'une indépendance unilatérale du Québec .

1997 : Déclaration de Calgary. Amenuisant encore l'importance du Québec en tant que peuple à part entière, mettant sous des couverts d'idéologies égalitaire les provinces à un même niveau, c'est à dire considérer le Québec comme une province du canada comme les autres alors historiquement le ''haut-canada'' n'a jamais été acquis par les anglophones.

« Au début, on disait qu’il y avait au Canada deux peuples fondateurs. Dans les années 60, le premier ministre canadien Lester Pearson reculait d’un pas en affirmant que le Québec formait une nation, mais à l’intérieur de la nation canadienne. Dans les années 70, on dilue encore : Ottawa refuse de parler de peuple ou de nation, notre présence étant plus subtilement suggérée par le mot “ dualité ”. Dans les années 80, on est descendu encore de plusieurs pas. Finie la dualité, mais certains au Canada anglais étaient encore disposés à nous décrire comme une société distincte. Les premiers ministres du Canada anglais ont fouillé dans tous les dictionnaires pour trouver les mots les plus anodins, les plus vides, pour nous nommer. Refusant de nous reconnaître comme un peuple ou comme une nation, apeurés même par la coquille vide de la société distincte, les premiers ministres du Canada anglais sont descendus au soubassement, où ils ont trouvé sans doute le terme le plus passe-partout qui soit : le “ caractère unique ”. »

Depuis, dans les dernières années, l'idée d'un Québec souverain est presque oublier... en tout cas relegué au rang de rêve ou d'utopie... Dans le fond... est-ce vraiment important ? Peut-être pas tant que ça...

Voilà... en 1939 avait été écrit le Rapport Durham, une brique de 300 pages recommandant, entre-autre, l'assimilation des Canadiens Français et qui avait entraîner la révolte des patriotes... on dirait bien qu'ils ont réussi finalement ;o)

Bref... c'est de tout ça dont on se souvient... ou pas.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Ceci va intéresser Papi. Bisous mes chéris.

Gonz' a dit...

heh, c'est drôle.

Ça doît une des plus grandes différences entre toi et moi sur notre vision du Québec : le secondaire 4 (^_^)

Dans le curriculum du ministère de l'éducation du Québec, le cours d'histoire du secondaire 4 est obligatoire et focus sur l'histoire du Québec et du Canada (dépendant du professeur hehe).

S'en suivi mon choix d'étudier l'histoire de l'Amérique du Nord au cégep ainsi que mon entrée dans le PQ quand j'avais 18 ans...

Et le "ou pas" à la fin de ton texte est la partie la plus importante je crois. C'est "à cause" de tout les "ou pas" que le Québec ne sera jamais souverain.

Parce que et historiquement et logiquement. Le Québec ne devrait jamais être une partie du Canada. D'ailleurs... il ne l'est pas !

Enfin.

Gonz' a dit...

heh, c'est drôle.

Ça doît une des plus grandes différences entre toi et moi sur notre vision du Québec : le secondaire 4 (^_^)

Dans le curriculum du ministère de l'éducation du Québec, le cours d'histoire du secondaire 4 est obligatoire et focus sur l'histoire du Québec et du Canada (dépendant du professeur hehe).

S'en suivi mon choix d'étudier l'histoire de l'Amérique du Nord au cégep ainsi que mon entrée dans le PQ quand j'avais 18 ans...

Et le "ou pas" à la fin de ton texte est la partie la plus importante je crois. C'est "à cause" de tout les "ou pas" que le Québec ne sera jamais souverain.

Parce que et historiquement et logiquement. Le Québec ne devrait jamais être une partie du Canada. D'ailleurs... il ne l'est pas !

Enfin.

Anonyme a dit...

Wow t'avais du temps libre pour nous donner un petit cours d'histoire ... et bien c'est très intéressant ! ... mais moi je doit avoir (malheureusement) les gens de ma maman, et là, je me souviens plus vraiment déjà de quoi je devrais me souvenir ! :-)
Si non sérieusement, détrompe toi le PQ est actuellement de nouveau en progression !!!

Anonyme a dit...

commentaire passionnant mais je ne lirai pas tout ce soir

Cabot, n'est ce pas de lui que vient l'expression "cabotage le long des côtes, à moins que ce ne soit réservé aux gens de théâtre ou bien tout simplement aux toutous...

Kirsten a dit...

chias pas si je me souviendrai de tout ca !!! hehe...